Le passage à la station debout a de facto rendu l’accouchement plus difficile et périlleux du fait de la trajectoire spiroïde que doit effectuer le fœtus pour traverser le bassin maternel. A cela s’ajoute la douleur ressentie, expérience sensorielle et émotionnelle que l’on retrouve écrite dans le Génèse et vécu et transmise comme une malédiction suite à la « désobéissance » d’Eve. De ce fait depuis la nuit des temps jusqu’aux alentours de la fin du moyen âge, la naissance était surtout une affaire de femmes à laquelle les hommes étaient exclus, sauf parfois le père. La mortinatalité materno-fœtale était très élevée. La Renaissance marque un tournant dans la connaissance médicale qui se prolongera tout au cours des XVIIème et XVIIIème siècles qui bénéficiera à la maternité. Les matrones s’effaceront au profit des sages-femmes qui auront l’obligation de justifier d’une formation. Le médecin accoucheur accompagné des progrès médicaux va progressivement, surtout au IXème siècle, se substituer aux sages-femmes qui seront reléguées à des rôles subalternes. C’est l’essor de l’Art Obstétrical qui se prolongera au XXème siècle avec l’émergence d’une nouvelle spécialité complémentaire : la Médecine Fœtale grâce aux techniques d’exploration, de surveillance et de prise en charge active du fœtus in-utéro. La parentalité est aujourd’hui au centre du projet de naissance pour un meilleur bien-être de la mère et de l’enfant dans un environnement médical de technicité et de bienveillance.
Philippe MICHAUD est gynécologue-obstétricien.