De 1850 à 1920, la presse apporte régulièrement son lot de découvertes macabres : des corps de bébés dans les rivières, les ports, les champs, les bois, les puits, les tas de gravats... Rien que pour le Morbihan, les infanticides se chiffrent en plusieurs centaines durant ces 70 ans. Les infanticides sont bien un fléau de la société de cette époque.
Mais qui sont ces femmes accusées d’infanticides ? Journalières ou domestiques de fermes, elles se placent très souvent au bas de l’échelle sociale, dans les multiples hameaux de la campagne morbihannaise qui vivent à l’écart du monde. Écrasées par la honte et la misère, elles cachent leur grossesse illégitime et la nient contre toute évidence, s’enferment dans leur malheur, accouchent clandestinement, dans des conditions sordides et donnent la mort à leur nouveau-né parce que c’est, pour elles, la seule solution à une situation sans issue. Leur parcours judiciaire sera long et incompréhensible. Le code pénal, au moins jusqu’en 1900, est impitoyable et elles paieront souvent leur crime et leur misère par des années de travaux forcés.
Leurs interrogatoires durant l’instruction, les auditions de leurs voisins, employeurs, parents... leurs déclarations à la barre sont autant de témoignages permettant de leur redonner un peu de chair. Il faut aussi éclairer sur le jeu des acteurs qui gravitent autour de ces drames : les juges, les jurés, les procureurs, les experts, les gendarmes, les témoins... Sans oublier la voix de société qui s’exprime à travers la presse de l’époque.
Philippe DELAGE, ingénieur de formation, est passionné d'histoire et notamment de celle qui tient auux évènements du 19° siècle en Bretagne.